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MODEM LE CANNET ROCHEVILLE
24 juillet 2008

Journal de l'été-4-

Fabriquerons-nous des citoyens de seconde zone (euro) ?

 

« Si je crois que nous pouvons créer un monde sans pauvreté, c’est parce que la pauvreté n’a pas été créée par les pauvres. Elle a été créée et entretenue par le système économique et social que nous avons conçu, par les Institutions et les concepts qui composent ce système et par les politiques que nous menons » a énoncé Muhammad Yunus lorsqu’il a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2006. On connaît son action concrète[1] contre la pauvreté avec la création de la Grameen Bank au Bangladesh, en 1983, première banque « dédiée aux pauvres », alors que Professeur d’économie, il aurait pu comme il le dit lui-même « se contenter d’enseigner d’élégantes théories » à l’Université.

La Grameen Bank prête aujourd’hui à sept millions de pauvres, dont 97 % de femmes, pour créer, agir, produire, se loger, s’assurer, vivre et survivre décemment par leur travail. Des prêts sans garanties, et sans dividendes versés aux actionnaires non plus, mais qui ont développé l’accès à l’enseignement, aux soins, à la nutrition.

Partout dans le monde, Muhammad  Yunus se fait l’ardent défenseur du social business : l’investisseur récupère sa mise mais les profits sont réinvestis dans l’entreprise pour l’améliorer. Un social business ne fait pas de pertes, mais ne verse pas de dividendes, et il essaie de faire reconnaître sa forme par la loi, passage à peu près obligé pour peu à peu renverser le seul modèle de maximisation des profits.

Le Prix Nobel ne s’attaque donc pas qu’à l’économie de marché mais aux fondements mêmes qui sont devenus les piliers de notre société, la comprimant dans une logique de plus en plus mortifère, contraignant un nombre croissant d’êtres humains à ne pas entrer dans ce modèle.

Pour Muhammad Yunus la pauvreté est un obstacle à la paix mondiale, car si nous n’ignorons pas que 60 % de la population ne disposent que de 6% du revenu mondial, c’est que l’information ne connaît pas de frontières. Pourquoi alors imaginons-nous que l’on puisse enfermer la pauvreté en des frontières géographiques quand le monde se planétarise ?

Le désir de Muhammad Yunus d’éradiquer la pauvreté est partagé par ATD Quart Monde France, qui souhaite qu’à l’heure où la France prend la présidence de l’Union européenne « elle ait l’ambition d’une Europe riche de tout son monde [2]» ; et que pour cela elle mesure ses avancées non plus à l’aune des plus avancés, mais à l’aune des plus « éloignés du droit ». La loi  reconnaît progressivement cet autre droit : ATD QM et Feantsa avaient lancé une procédure en 2006 contre le gouvernement français pour négation du droit à avoir un logement et  l’obligation d’en favoriser l’accès aux personnes modestes, droits présents dans la charte sociale européenne, et le Comité européen des droits sociaux au Conseil de l’Europe vient de leur donner raison.

Mais elle doit être prouvée et approuvée par des actes. C’est ce que l’on peut souhaiter à cette Présidence : qu’elle montre à tous sa cohérence entre un projet de société qu’elle affiche humaniste (« pays des Droits de l’homme »...) et les actes quelle initiera  pour le mettre en pratique.

Les représentations ont la vie dure. Pourtant, Muhammad Yunus comme ATD Quart Monde nous le disent : les pauvres ont à nous apprendre car ils misent sur leurs points d’accord plutôt que sur ce qui les divise. Et l’un comme les autres doivent savoir de quoi ils parlent, non ?

 

 

 

Evelyne Biausser


[1]  Cf son livre : Vers un nouveau capitalisme, ed JC Lattès

[2] Editorial de Pierre Saglio, Président d’ATD QM France,  dans la Feuille de route de juillet-août 2008

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Commentaires
E
Le temps seul nous manque pour réagir aussi vite qu'on le souhaiterait.<br /> Merci donc d'alimenter le site en informations nourricières.
G
Bernard Tapie ou l'abaissement de l'Etat, par François Bayrou:<br /> <br /> Les insultes proférées par M. Tapie à mon encontre (on comprend bien pourquoi) ne changeront rien aux dix affirmations suivantes, qui permettront à chacun de se faire une opinion.<br /> <br /> 1) Si M. Tapie a gain de cause, c'est le contribuable qui va payer. Le CDR (consortium de réalisation), structure destinée à liquider les actifs douteux du Crédit lyonnais, dont la quasi-totalité des activités ont cessé au 31 décembre 2006, n'a aucune autonomie financière. Son financement est assuré par l'EPFR (établissement public de financement et de restructuration), alimenté par les crédits budgétaires de l'Etat, donc par le contribuable.<br /> <br /> 2) Il n'y a pas eu de décision de justice. C'est une décision politique. La procédure d'arbitrage est une procédure privée destinée au monde des affaires. Qand les intérêts de l'Etat et du contribuable sont en jeu, c'est un principe absolu du droit que l'arbitrage est interdit; seules les juridictions instaurées par la loi sont compétentes.<br /> <br /> 3) Les principes de l'Etat de droit sont foulés aux pieds. C'est par crainte de décisions de justice défavorables à M.Tapie que le sommet de l'Etat a imposé une telle procédure d'arbitrage, sans appel possible. La seule décision favorable à M.Tapie a été cassée en des termes d'une dureté inhabituelle par la Cour de cassation, plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français, réunie exceptionnellement en formation plénière, sous la présidence de son premier président. Que l'Etat ait pu décider de renoncer à un tel avantage juridique et moral est sans précédent. Il faut noter qu'un autre principe général du droit est mis en cause : il ne peut y avoir de justice que contradictoire, or M. Tapie a été entendu, mais pas ses contradicteurs, ni Jean Peyrelevade qui a redressé le Crédit lyonnais, ni Jean-Pierre Aubert, président du CDR, jusqu'à la clôture de ses activités.<br /> <br /> 4) Dans la vente d'Adidas, M. Tapie n'a pas été perdant, il a été gagnant. D'ailleurs, c'est lui-même qui a fixé le prix de vente. Adidas a été acheté en 1990 avec un prêt à court terme de 1,6milliard de francs, à échéance en 1992. A cette date, l'entreprise mal gérée est en situation dramatique. Ne pouvant assurer son échéance, M. Tapie, ancien et bientôt nouveau ministre de la ville, décide alors de la vendre. Il cherche à en obtenir 2 milliards de francs mais l'acheteur (Pentland), découvrant l'étendue des dégâts, retire son offre. C'est alors que M. Tapie donne mandat à la banque de vendre l'entreprise, pour une somme d'un peu plus de 2 milliards de francs qu'il a lui-même fixée. Opération qui lui rapportera au total, si l'on en croit une expertise et une ordonnance judiciaire de l'époque, la somme de 200 millions de francs.<br /> <br /> 5) L'Etat va prendre à sa charge les dettes de M. Tapie. Contrairement à ce qui est répété en boucle, l'Etat ne va rien récupérer de ses créances. C'est lui qui va payer pour les dettes du groupe Tapie, totalement extérieures à l'affaire Adidas, et qui n'ont jamais été honorées. En particulier, le groupe de M.Tapie a depuis des années des millions de dettes fiscales et sociales vis-à-vis de l'Etat et de l'Urssaf. "Qui paye ses dettes s'enrichit." Ici, c'est l'Etat qui paye les dettes de M. Tapie et celui-ci qui s'enrichit.<br /> <br /> 6) 285 millions d'euros, c'est l'équivalent de la totalité des salaires annuels des 11000 postes d'enseignants supprimés cette année. C'est une somme tellement astronomique que le citoyen ne peut pas s'en faire une idée. Traduite en salaires d'enseignant, c'est plus de 11000 postes à l'année. Si on y adjoint les intérêts, on atteint 400millions, cela représente une somme suffisante pour effacer l'essentiel du déficit des hôpitaux publics du pays.<br /> <br /> 7) 45millions pour "préjudice moral", c'est une insulte. A l'intérieur de cette addition, les 45 millions d'euros pour "préjudice moral" (le mot ne manque pas de sel) sont une insulte pour le citoyen. Quelques comparaisons pour en prendre la mesure : cette somme est l'équivalent de 4000 années de travail au smic. Et l'indemnité moyenne pour une veuve après la mort d'un conjoint victime de l'amiante est de 45000euros, soit mille fois moins.<br /> <br /> 8) Tout était fait pour que l'affaire passe inaperçue. La décision d'arbitrage, dont le principe avait été décidé en catimini, largement orientée à l'avance par des montants d'indemnisation définis noir sur blanc, a été annoncée à un moment bien choisi : le vendredi soir ouvrant le week-end du 14 juillet à 17h30, pour que toutes les procédures soient entérinées avant le 15 août.<br /> <br /> 9) Pendant ce temps, on pressure les pauvres gens jusqu'au dernier centime. On va supprimer les allocations aux chômeurs qui refuseront un emploi trop éloigné de chez eux ou sous-payé. Je connais une jeune femme qui a été contrainte de rembourser une année de RMI parce qu'elle avait fait quelques heures de ménage sans les déclarer. Les faibles sont sans défense, mais le pouvoir enrichit avec complaisance ses affidés.<br /> <br /> 10) Le problème, ce n'est pas M. Tapie, c'est l'Etat et ceux qui sont à sa tête. Il y a toujours eu, il y aura toujours, des aventuriers qui se jouent des banques, du fisc, de la loi. Mais en principe l'Etat est là pour faire respecter les règles de droit et l'argent public. Ici, au contraire par le fait du prince, parce qu'il s'agit de soutiens ou de complices dans un certain nombre d'opérations politiques, passées, présentes ou à venir, l'Etat protège et enrichit ceux qui se moquent de sa loi. Le message est clair : sous ce régime, "qui n'est pas avec moi est contre moi", et qui est avec moi est protégé et peut sabler le champagne. L'affaire Tapie donne la mesure de l'abaissement de l'Etat.
G
25 juillet 2008 <br /> Résultats de la consultation des adhérents du Mouvement Démocrate <br /> Réagir Envoyer à un ami <br /> Communication du Comité de Conciliation et de Contrôle : Au terme des opérations de dépouillement, le Comité de Conciliation et de Contrôle proclame les résultats du vote sur la contribution soumise aux adhérents par M. François Bayrou ...<br /> <br /> <br /> Nombre de votants : 15629 (Enveloppes reçues dans les délais) <br /> Nombre de suffrages constatés : 15626 <br /> Blancs et nuls : 168 <br /> Suffrages exprimés : 15458 <br /> Contribution de M. François BAYROU<br /> <br /> J’approuve 15322 <br /> Je n’approuve pas 136
MODEM LE CANNET ROCHEVILLE
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