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MODEM LE CANNET ROCHEVILLE
19 novembre 2008

Trompeuse simplification...

« C’est très clair »... « C’est très simple », voilà  les phrases leit-motiv que l’on entend chaque jour du Gouvernement.

On peut trouver louable de vouloir rassurer le citoyen, bien conscient du chaos ambiant. On peut aussi comprendre que les membres du Gouvernement cherchent à se rassurer eux-mêmes. Mais on ne peut admettre qu’ils trompent le citoyen.

La logique déterministe qui préside à ces déclarations est bel et bien caduque, et vouloir régler, décider, agir, « simplement », en fonction des « tenants et des aboutissants », est une déclaration au mieux d’impuissance, au pire de bêtise.

Si une décision politique apparaît claire et simple à un acteur aujourd’hui, c’est qu’il ne voit pas l’imbrication des éléments qui la composent, qu’il ignore sa vision parcellaire et infime de la réalité.

Croit-il décider « en toute connaissance de cause » ?

Mais quelle cause pourrait être suffisamment cause des multiples conséquences enchevêtrées de nos actions aujourd’hui ?

S’agit-il de prendre une décision locale économique ? Elle sera immédiatement corrélée aux conséquences écologiques et sociétales, et toujours bifide : gain économique à court terme, perte sociétale à long terme, ou gain sociétal à court terme, perte sociétale à long terme...

On peut donc seulement, en croisant les informations disponibles, espérer prendre la décision la moins mauvaise possible, compte tenu de ces informations.

Et c’est probablement ce que le Gouvernement fait, dans sa logique de privilégier le plus longtemps possible le même système sociétal.

On ne saurait le lui reprocher : du strict point de vue du mécanisme décisionnel, il ne fait ni mieux ni moins bien que les autres, tant il est difficile de sortir de cette logique déterministe qui nous a fait croire que l’on pouvait « tout maîtriser ».

C’est une autre affaire, bien entendu, que de cautionner et le choix de société qu’il y a derrière ces décisions, et leur prétention à la maîtrise.

Car derrière ce choix il y a un modèle de société qui s’effondre.

Il s’effritait depuis longtemps, peut-être depuis le premier choc pétrolier, mais en tant que modèle dominant, du moins en Occident, il disposait de quelques placebos pour se maintenir encore un peu. Et ce vieux système va résister, cherchant des rustines confortant son homéostasie.

Néanmoins, si la société-monde peut faire vaciller ce modèle, elle a aussi le pouvoir d’en faire émerger un autre.

Qui ne se présentera pas, telle Vénus sortant de l’onde, comme une prothèse du précédent, immédiatement opérationnelle, même si l’extension des acteurs à l’échelle monde est une chance de construire un autre modèle assis sur des bases plus éthiques et plus humanistes.

J’entends d’ici les ricanements du scepticisme...

Mais qu’est-ce qui nous empêche de mettre l’Homme au centre du système ? Qu’est-ce qui nous empêche d’édifier des principes éthiques mondiaux ?

Un objectif suffisamment motivant ?

Nous l’avons ! Nous devons sauver l’espèce et la planète toutes deux menacées, et ce n’est pas abs-trait, c’est-à-dire extrait de notre contexte, c’est au contraire une donnée bien réelle de notre futur, sitôt qu’on relie plutôt qu’on ne sépare les éléments de ce contexte entre eux : écologie/économie/société forment un tout.

Un intérêt suffisamment commun ?

Nous l’avons ! Le Nord, le Sud, l’Orient et l‘Occident ne peuvent déjà plus être considérés comme des entités séparées. Ce qui les relie, c’est l’énergie vitale : la même nécessité de trouver l’eau, et les ressources premières pour survivre.

Et que les uns sachent mieux les transformer que les autres ne devrait pas suffire à les séparer, car il se fera sans doute que les uns détiendront une partie des ressources et que les autres détiendront une partie de leur transformation.

Une conscience suffisamment planétaire ?

Oui, j’avoue là le maillon encore faible, chacun cultivant l’illusion qu’il peut se sauver tout seul dans son coin. Les Etats-Nations ont ici un rôle à jouer : absorber ce changement d’échelle.

Ils peuvent en effet contribuer à un intérêt et un fonctionnement globaux tout en gardant leur spécificité.

Unité dans la diversité, diversité dans l’unité, voilà la focale qu’ils ont à conquérir.

Rien n’est impossible, surtout pas l’improbable, surtout pas l’aléatoire.

Plutôt que de les nier en faisant croire à des décisions de « toute maîtrise » capables de conserver le système, acceptons-en l’idée, elle nous permettra de dépasser nos frontières et nos limites.

              Evelyne Biausser

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